Depuis sa création, la TIA joue un rôle important dans l’amélioration du climat des affaires, le renforcement de la coopération entre les secteurs public et privé et la facilitation de l’accès aux opportunités d’investissement dans le pays. Grâce à un vaste réseau de partenaires, elle offre des services de conseil en investissement, facilitant l’installation de sociétés et les guidant à travers les différentes étapes de leur création. Entretien.
L’écosystème de l’investissement connaît une multitude d’intervenants. Pouvez-vous nous parler de la TIA, sa mission et ses services ?
C’est clair que plusieurs intervenants opèrent dans l’écosystème investissement. Je veux souligner qu’ils sont complémentaires. Concernant l’Instance tunisienne de l’investissement (TIA), elle a été créée suite à la promulgation de la loi 71-2016 relative à la loi de l’investissement. La mission de la TIA est de faciliter le parcours de l’investisseur en Tunisie, dans le but de transformer les idées d’affaires en investissements réussis. Pour ce faire, la TIA est l’interlocuteur unique des investisseurs locaux et internationaux et opère actuellement à travers des conventions cadres avec les principales structures et agences chargées de l’investissement pour un souci d’efficience et de complémentarité.
La TIA soutient les investisseurs tout au long du cycle de vie de leur projet et pour ce faire, nous œuvrons à la simplification des procédures et à la réduction des délais administratifs et des coûts liés aux projets d’investissement.
Pour atteindre ses objectifs, la TIA joue le rôle de fédérateur, pour mobiliser toutes les parties prenantes de l’écosystème de l’investissement (les ministères, les agences sectorielles, les collectivités locales, les acteurs économiques…) afin d’appuyer les investisseurs désireux de développer leurs projets en Tunisie.
La TIA joue également un rôle important dans l’amélioration du climat des affaires, le renforcement de la coopération entre les secteurs public et privé et la facilitation de l’accès aux opportunités d’investissement dans le pays. Grâce à notre vaste réseau de partenaires, nous offrons des services de conseil en investissement, facilitant l’installation de sociétés et les guidant à travers les différentes étapes de leur création.
Nous intervenons essentiellement dans les missions suivantes :
● Participation à l’élaboration des lois, règlements et procédures relatives à l’investissement en Tunisie ;
● Promotion des opportunités d’investissement en Tunisie ;
● La conduite d’un dialogue entre les secteurs public et privé pour l’amélioration du climat des affaires ;
● L’accompagnement personnalisé des projets d’investissement
La TIA dispose d’une équipe de chargés d’affaires, offrant une assistance gratuite à tout investisseur désireux d’investir en Tunisie. De sa première demande jusqu’après son installation sur place, il bénéficie d’un suivi personnalisé, adapté à ses besoins. La TIA est par excellence un lieu d’écoute, de conseil et d’accompagnement des investisseurs tout au long de leur parcours. Ce guichet unique permet aux investisseurs de trouver toutes les informations nécessaires à la réalisation de leurs projets. Cela veut dire dit que notre mission est bien un package complet pour réussir l’investissement en Tunisie.
Vous prodiguez aussi des conseils stratégiques ?
Il est important de noter que la TIA aujourd’hui est un catalyseur de collaboration public-privé. En s’associant avec nos homologues du secteur privé, nous sommes en mesure d’offrir à nos clients un accès à un contenu de qualité, de réseautage, ainsi que de l’assistance avancée dans toutes les phases d’implémentation de leurs projets.
La TIA s’appuie sur un conseil stratégique comprenant les principaux acteurs privés et publics pour évaluer le climat des affaires et proposer les principales orientations pour l’amélioration du climat de l’investissement. Notre institution se distingue également par des travaux de veille et d’intelligence économique sur l’investissement pour proposer les réformes requises à l’amélioration de l’environnement des affaires dans un contexte concurrentiel acharné, suivre et analyser le mouvement et l’investissements des leads mondiaux à travers le monde.
Etes-vous en phase avec la digitalisation de l’écosystème ?
Je veux attirer votre attention sur l’importance que nous accordons à la digitalisation. En effet, la TIA est une instance axée sur les outils numériques. Dans ce cadre, notre institution a développé une plateforme de l’investisseur incorporant les principaux services requis pour les différentes phases du projet. Nous fournissons également des outils d’aide à la décision tel que le guide digital de l’investisseur lancé début 2022 qui constitue un outil très utile pour les investisseurs ou les entrepreneurs à la recherche d’informations sur le cadre légal et les opportunités d’investissement, le parcours de l’investisseur, les secteurs porteurs ou sur l’écosystème et le cadre de vie lui-même.
L’un des objectifs stratégiques de la TIA est de veiller à améliorer le climat d’investissement pour qu’il soit attractif, à travers une approche qui combine des services sur mesure aux investisseurs et un rôle fort de plaidoyer et défendre leurs intérêts. Cela nous a valu la confiance des investisseurs locaux et étrangers.
Parlons du climat des affaires en Tunisie. Est-ce qu’il y a des mesures concrètes qui peuvent l’améliorer dans le court / moyen terme et quel est votre rôle dans ce chantier ?
La Tunisie est l’une des destinations d’investissement les plus attractives du bassin méditerranéen et d’Afrique. Dans cette optique, nous nous efforçons de créer un environnement d’affaires attractif qui permette aux investisseurs de bénéficier d’une économie florissante et unique tout en profitant de notre riche patrimoine culturel (multilingue, carrefour de civilisations…).
Quant à la TIA, effectivement, elle joue un rôle important dans l’amélioration du climat des affaires en participant activement à l’élaboration d’une nouvelle législation adaptée à la réalité du monde des affaires. Il est indéniable que l’instance est devenue le principal agent de changement dans la création d’un environnement d’investissement efficace qui favorise la croissance et la création d’emplois.
Nous travaillons avec tous les partenaires concernés, y compris les agences gouvernementales, les bailleurs de fonds, les missions diplomatiques ainsi que les expatriés tunisiens dans le monde entier pour améliorer le climat des affaires et alléger les procédures administratives, tout en digitalisant le parcours de l’investisseur.
Cet objectif est possible grâce au soutien d’un large éventail d’acteurs publics et privés, qui sont essentiels pour leur influence, leur expertise et leur savoir-faire. Notre défi est de rendre le climat d’investissement attractif afin de convaincre les entreprises d’investir en Tunisie.
Avez-vous atteint
cet objectif ?
Nous avons déjà fait beaucoup pour cet objectif, mais nous devons poursuivre nos efforts pour l’atteindre. Pour ce faire, nous allons renforcer nos efforts sur plusieurs points :
– La simplification des procédures administratives ;
– La facilitation de l’implantation des investisseurs ;
– La digitalisation des services offerts aux investisseurs ;
– La promotion de la Tunisie comme destination d’investissement où l’investissement est libre.
Est-ce que l’économie nationale répond aux exigences de l’investissement international ?
La Tunisie possède l’une des économies les plus libéralisées d’Afrique et du monde arabe. Son économie reste dominée par un important secteur privé, mais elle a également réalisé plusieurs privatisations et libéralisations importantes. Une série de réglementations ont été adoptées pour faciliter les investissements nationaux et étrangers en Tunisie. À titre d’exemple, la Loi 71-2016 de l’investissement qui garantit aux investisseurs, dans tous les secteurs, l’égalité de traitement avec les investisseurs tunisiens, y compris le libre transfert à l’étranger des bénéfices et des dividendes.
Certes, la Tunisie est un marché prometteur doté d’un cadre législatif stable et d’un grand nombre d’accords de libre-échange, dont l’accord d’association avec l’UE, qui permet aux investisseurs de bénéficier d’un accès préférentiel aux marchés d’exportation en Europe et en Afrique.
J’admets que la nouvelle vision économique du gouvernement est au cœur de toutes nos préoccupations : nous recherchons un environnement des affaires plus souple et plus réactif, capable de soutenir la compétitivité des entreprises sur la scène internationale.
En outre, notre vision est ambitieuse mais elle reflète celle de nos compétences. Nous voulons que la Tunisie devienne un pôle de référence pour l’investissement en Afrique et une porte d’entrée vers l’Europe. En ce sens, nous contribuons par nos activités à créer une plateforme de dialogue public-privé afin d’aboutir à l’implémentation des mesures nécessaires ainsi que de bonnes pratiques en matière de réglementation liée à l’investissement.
Est-ce que le plan de relance économique pourra stimuler l’investissement ?
Le plan de relance économique prévoit d’importantes mesures et actions pour stimuler le moteur de l’investissement qui s’articulent sur quatre domaines, à savoir le soutien de la trésorerie et l’accès au financement des entreprises, la redynamisation de l’investissement, la facilitation de la réglementation des affaires et la simplification des procédures et la promotion des exportations
Des lignes de financements sont prévues pour soutenir les entreprises, notamment les PME, dans les différentes phases de leur cycle de vie avec un ciblage des projets verts et innovants.
Des dispositions sont également prévues pour faciliter l’accès aux marchés publics, l’amélioration de l’offre foncière, la digitalisation des services à l’investisseur, l’implémentation des projets PPP et des énergies renouvelables.
Qu’en est-il de la législation dans ce domaine ? Est-ce qu’elle facilite ou freine encore les investissements ?
Au niveau de la législation des affaires, les textes d’application d’importantes lois seront promulgués d’ici peu à l’instar de l’auto-entrepreneur, du crowdfunding et de l’économie sociale et solidaire afin de faire émerger un nouveau tissu d’entreprises.
Un important focus sera mis sur l’amélioration de l’accès au marché et la libéralisation de l’initiative économique à travers la promulgation d’une liste négative des autorisations avec un processus important d’élimination des autorisations ou leur replacement par des cahiers des charges.
Mon message aux investisseurs étrangers : la Tunisie est une nation dynamique, moderne et tournée vers l’avenir. Nous sommes ouverts aux affaires et prêts à vous accueillir, vous et votre entreprise.
En termes de réalisations, comment évaluez-vous votre bilan en chiffres ?
Les chiffres sont signes d’exactitude et de précision. En effet, durant le premier trimestre 2022, nous avons œuvré pour la déclaration de 6 projets pour une enveloppe d’investissement cumulé de 1377,3 MDT permettant la création de 1.083 postes d’emploi, enregistrant ainsi une hausse importante de 434% en termes d’investissement.
Cette hausse importante s’explique par la déclaration d’un projet de cimenterie pour un coût d’investissement conséquent de 950 millions de dinars durant le mois de mars 2022. Sinon et abstraction faite de cette opération d’investissement, les investissements enregistrés à la TIA jusqu’au mois de mars 2022 auraient enregistrés une hausse de 66%.
Le volume d’investissements générés par les opérations de création est nettement supérieur à celui des opérations d’extension, ce qui indique un signe positif au regard de la nature des investissements déclarés.
La différence entre ces deux chiffres illustre également à quel point les opérations de création sont plus efficaces pour générer des investissements que les opérations d’extension :
• 3 projets de création (50%) avec un coût d’investissement de 1065,3 MD et 502 postes d’emplois à créer.
• 3 projets d’extension (50%) avec un coût d’investissement de 312MD et 581 postes d’emplois à créer.
Sur la base de l’analyse ci-dessus, nous pouvons observer une augmentation claire et immédiate du volume des investissements générés par les opérations de création. En d’autres termes, lorsque nous examinons ces données, nous constatons que les montants des investissements sont plus élevés que prévu et qu’il existe un nombre considérable d’investissements de grande valeur compris entre 15 et 950 millions de dinars.
Ce bon résultat a été obtenu à partir de l’impact positif créé par des investissements industriels déclarés. Une analyse plus détaillée au niveau de ces investissements révèle des parts importantes des projets au niveau des industries matériaux de construction, céramique et verre (75%) et celles des industries mécaniques électriques (19%). En revanche, le secteur des Industries mécaniques accapare la part la plus importante (62%) au niveau de la création d’emplois.
Il importe de préciser qu’au niveau du secteur des industries mécaniques électriques (IME), la totalité des investissements déclarés touchent le secteur automobile (fabrication de composants automobiles) avec un volume d’investissement de 242 MDT.
C’est pourquoi je vous assure que les entreprises peuvent compter sur nous pour les aider à concrétiser leurs projets en Tunisie et aboutir à un investissement réussi.
Les investisseurs scannent et cherchent toujours les opportunités qui représentent un retour sur investissement (ROI) intéressant. La Tunisie est-elle prête pour les accueillir ? Si oui dans quel secteur ?
Il ne fait aucun doute que la Tunisie dispose d’une économie diversifiée, d’une main-d’œuvre bien formée et de la proximité des marchés européens. Les réformes économiques et les développements majeurs des infrastructures sont en cours. L’ensemble de ces facteurs confère à la Tunisie un avantage concurrentiel par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient
La guerre russo-ukrainienne peut-elle inciter les investisseurs à choisir le site Tunisie ?
La crise en Ukraine sera sans doute génératrice d’opportunités pour le site Tunisie. En effet, les grands leads mondiaux commenceront à chercher des sites alternatifs au site ukrainien. D’autres pays de l’Est pourront bénéficier de cette orientation mais cela n’est pas garanti vu que cette instabilité pourra se répercuter sur cette zone d’Europe.
Les leads mondiaux chercheront à remédier à la perte du marché russe et reconsidérer plus d’autres marchés de grande taille, notamment les marchés africains, et cibler des hubs et des plateformes de production et d’exportation, ce qui présente une opportunité pour la Tunisie.
Suite à cette crise en Ukraine, les opportunités d’investissement et de relocalisation seront notamment dans les composants automobiles, l’agrobusiness, le textile, les TIC et les énergies renouvelables.
La Tunisie est dotée d’atouts et de propositions de valeurs dans ces secteurs notamment au niveau des coûts et de la qualité des ressources humaines.
Quel serait le défi pour les années à venir ?
Le défi pour la prochaine période pour attirer des leads mondiaux comme les constructeurs automobiles est de préparer une offre pays complète sur les atouts de notre site par rapport au pays, notamment améliorer notre offre foncière pour pouvoir accueillir des projets d’investissement d’envergure.
Comment communiquez-vous sur l’état de l’investissement en Tunisie ?
En plus de notre site internet tia.gov.tn et le guide de l’investisseur guide.tia.gov.tn, nous vous invitons à consulter nos pages sur les réseaux sociaux, essentiellement LinkedIn, Twitter et Facebook, qui permettent de rester informés et de suivre nos dernières actualités.
Propos recueillis par Chokri BEN NESSIR